La 25ème Heure - Feldrik Rivat


Date de sortie : 2015

Synopsis :

  

Décembre 1888. Alors que le bon peuple de Paris s'interroge sur cette tour que l'impérieux Gustave Eiffel fait édifier à grand frais, d'étranges rumeurs circulent dans les faubourgs de la capitale : les morts parlent.

Interpellé par la presse à ce sujet, le préfet de police M. Henry Lozé tourne en ridicule "les plaisanteries de quelques coquins". Ainsi parle-t-il devant le beau monde, sous les feux électriques du parvis de l'Opéra Garnier. Mais, depuis l'ombre de ses cabinets, l'homme lance sur cette affaire les plus fins limiers de la République. 

 

Pour en apprendre davantage



J'ai adoré :

● Le vocabulaire très riche

● L'enquête passionnante

● Les personnages, Lacassagne en tête

● L'introduction

Je n'ai pas aimé :

● Les dernières découvertes un peu évidentes

● La grosse différence entre l'introduction et la suite 

 


 

Pour cette lecture, je suis retournée dans l'ancien Paris, mais un siècle plus tôt que chez monsieur Pierre Pevel. Ce qui m'a fait tout drôle, c'est de retrouver le nom de George Méliès dans les deux ouvrages, une figure emblématique du cinéma de son temps, utilisée dans ces deux romans pour ancrer un peu plus l'histoire dans la réalité de cette époque. Je n'avais lu que l'introduction, assez portée sur le steampunk de mon point de vue, et je m'étais fait une joie d'acquérir ce livre pour en lire la suite. Qui n'a, et j'en suis un peu déçue, rien à voir.

 

Cependant, si cette histoire était loin de correspondre à mes attentes en terme d'univers, ce dernier reste tout de même formidable. L'histoire tient du fantastique : on se retrouve donc dans le vrai Paris, avec canne, haut de forme, chapeau melon, calèches, ainsi qu'un vocabulaire très recherché et une différence marquée entre le parler des intellectuels et celui des pauvres gens. J'ai beaucoup aimé cette richesse, déjà parce que c'est encore un élément qui nous plonge au coeur de l'époque, et ensuite pour les découvertes et redécouvertes d'expressions. Sur 10 lignes d'une page ouverte au hasard : "user le pavé", "affriander", "radasse", "jeter à la baille", "susnommé", "camarluche", "souteneurs de basse-fosse"... Je passe les expressions lubriques. Alors oui, peut-être que vu comme ça, ça ne ressemble à rien, mais il y en a pour 400 pages; d'abord il y a un petit temps d'adaptation, et après c'est un vrai plaisir.

 

Dès le premier chapitre, on découvre le quotidien étrangement rythmé d'Eudes Lacassagne, dit Lacastagne - un de ses nombreux surnoms - un personnage non moins étrange aux lourds secrets. Je pense que c'est ce qui m'a le plus poussé à tourner les pages : découvrir le mystère de son état de santé et les raisons de ses agissements; sa psychologie en somme. Je n'ai pas été déçue, c'est vraiment un personnage hors du commun. J'ai adoré voir évoluer son comportement vis à vis de Bertillon, l'adjoint tout frais et naïf qui débarque dans ses pattes.

 

En ce qui concerne l'enquête, elle est très intéressante et très sombre dès le départ et se fait de plus en plus obscure. Il y a des morts à la pelle, un aspect un peu dur et cruel auquel il est difficile de trouver un sens. Le fait qu'on ne sache jamais ce que pense Lacassagne au sujet de l'enquête n'aide pas le lecteur qui tente de débrouiller lui-même les fils : on se retrouve davantage dans Bertillon qui a la plus part du temps un coup de retard. Mais la disparition de cadavres, qui ressemble à une enquête policière "normale" n'est que la partie immergée de l'iceberg, et c'est quand on passe sous l'eau, dans les catacombes de Paris pour être exacte, que l'on découvre la partie fantastique du roman. Encore une fois ce n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais et ça ne m'a pas transcendée. De plus certaines révélations sont un peu évidentes, bien qu'elles surgissent dans les dernières pages. La fin laisse cependant nos héros dans une position particulièrement inconfortable et donne envie de lire la suite.

 

Un avis un peu mitigé donc, dû au fait que je m'attendais vraiment à du steampunk. Je pense - ça en prend doucement le chemin à la fin du premier tome - qu'on retombera dans cet univers dans l'un des deux prochains tomes. Comme je ne peux pas laisser Lacassagne et Bertillon là où ils sont actuellement, je vais me procurer le tome 2 dès que possible afin de suivre la suite de leurs aventures.  

 

Méli