Le Pays des Rêves oubliés - Lavinia Petti


Date de sortie : mai 2017

Synopsis :

Notre histoire commence avec Antonio M Fonte, un écrivain à succès, la cinquantaine, misanthrope et un peu paumé. Son quotidien si bien réglé et tourné vers l'écriture va dérailler et l'entraîner au Pays des Rêves oubliés, Tirnaïl, une terre peuplée de gens perdus, où le temps s'écoule selon son bon vouloir. Antonio se lance alors dans une course contre une montre au cadran qui s'efface, à la recherche de son nom, et d'une énigme de son passé.

 

Pour en apprendre davantage




J'ai aimé :

● L'idée

● Le dénouement

● Les incertitudes

Je n'ai pas aimé :

● L'aspect un peu trop fouilli

 


A votre avis, pourquoi ai-je acheté ce roman ? A ceux qui pensent "Le titre !", vous avez gagné. La couverture n'est pas en reste, et à cela on ajoute cette phrase "Des ruelles de Naples au Pays des Rêves Oubliés, Lavinia Petti nous ouvre les portes secrètes d'un monde fabuleux, entre Alice aux pays des merveilles et l'Ombre du vent de Zafon". J'adore l'univers d'Alice aux pays des merveilles et j'ADORE Zafon, deux bonnes raisons de plus de lire ce roman.

 

Et malheureusement, c'est la raison d'une petite déception : je n'ai retrouvé l'esprit Zafon qu'au début et à la toute fin du roman, et certainement pas grâce à l'écriture. Pour ce qui est de Lewis Caroll, c'est parce qu'on tombe dans un univers complètement barré, bizarre et flou. Entre le Pays des Rêves oubliés, la Ville des Occasions Manquées, les Terres des Souvenirs perdus, la Ville des Espoirs Anéantis et j'en passe, on est très vite complètement perdu. Il y a des portes perdues, des portes retrouvées, des objets dans tous les sens, des auberges qui bougent, des portes de toilettes qui mènent dans des forêts ensorcelées, des frontières qui se déplacent toutes seules... Alors oui, c'est super sympa, les idées sont géniales, mais ça devient parfois trop compliqué, trop alambiqué pour qu'on soit sûr d'avoir tout bien saisi. Ça m'a pris vraiment du temps avant d'entrer complètement dans l'univers, quelques jours, le temps d'arriver au milieu du roman, après quoi c'est devenu un peu plus simple.

 

On assiste donc à la perdition de Antonio M Fonte, notre écrivain, qui perd son identité alors qu'il recherche son passé, qui finalement doit retrouver l'un et l'autre. Tout tourne autour d'une sombre histoire de souvenirs dont il a préféré se débarrasser. Il se réapproprie donc des fragments de son passé, aidé d'une jeune femme dont il sait pertinemment qu'il l'a connue un jour et dont il est amoureux, et d'un ami peintre qui ne peint que du blanc. Se met sur leur route un comte Vladimir qui cherche Antonio pour apprendre le plus grand secret de Tirnaïl : comment sortir du Royaume des Choses Perdues lorsque notre montre s'est effacée ? C'est là qu'intervient une confusion brillante entre Antonio M Fonte et Antonio Fonte, un élément important de l'histoire et très bien joué : plusieurs fois je me suis dit : "il y a une confusion, c'est certain, ce sont deux personnes différentes, mais qui est notre Antonio ?". L'auteure a réussi à nous perdre sans tout à fait nous perdre : si Antonio ne se souvient plus de sa vie dans l'Ailleurs au moment où il entre à Tirnaïl, le lecteur a conservé quelques informations qui lui donne des éléments de compréhension importants. Encore une fois, même si c'est fait exprès, ça donne une impression très fouillis.

 

Là où on retrouve vraiment Alice et Zafon en même temps, c'est quand on comprend que les personnages qui peuplent Tirnaïl sont des souvenirs d'Antonio, que chaque élément qui le poursuit est une bribe de son passé, un morceau de réalité que l'esprit à complètement détourné, et cela nous pousse à nous demander si c'est bien réel ou si c'est un cauchemar. J'adore cette frontière trouble entre rêve et réalité. J'ai beaucoup aimé Antonio enfant, ses souvenirs, sa peur d'être comme son père, son envie aussi d'être comme son père, sa haine et son amour. Le Voleur de brume est fantastique. Les personnages sont bien trouvés, complètement fous. Genève Poitier et Edgar sont formidables. J'ai bien aimé Santiago aussi, le seul homme plein d'espoir dans l'endroit le plus noir de la terre, et dont la petite flamme se fait tout de même souffler : encore un personnage qui a fait partie de la vie d'Antonio et dont l'histoire est dérivée.

 

Un seul point m'a vraiment agacée avec ce personnage : il a tendance à parler espagnol - je crois que c'est ça. Jamais de longues phrases, mais de petits morceaux : il n'y a rien de plus agaçant que de ne pas comprendre un morceau de phrase. Je connais deux trois mots d'espagnol, pas un de plus, et je trouve ça incompréhensible que la maison d'édition n'ait pas mis des notes de traduction ! Ce n'est pas compliqué et ça aide les lecteurs qui comme moi ont fait de l'allemand plutôt que de l'espagnol. Voilà, mini coup de gueule.

 

J'ai beaucoup aimé le dénouement donc, même si la fin est étrange, quand le lecteur fait le lien entre les rêves et la réalité, l'histoire d'Antonio et de son père, son histoire avec Genève. En revanche, le dernier chapitre m'a donné l'impression qu'Antonio est vraiment un idiot...

 

Pour conclure : la plume est agréable, mais incomparable à celle de Zafon. De très bonnes et belles idées, une imagination débordante, armée du grain de folie nécessaire pour la faire vivre, mais tout est un peu trop désordonné pour en faire un roman incontournable. Il faut peut-être s'accrocher un peu au début, mais dans l'ensemble c'est une bonne lecture, j'ai beaucoup aimé.

 

  

Méli