Elia la Passeuse d'Âmes - Marie Vareille


Date de sortie : 2016

Synopsis :

 

Elia est une Passeuse d'Âmes, un être sans émotions. Elle doit exécuter ceux qui sont devenus un poids pour la société : vieux, malades, opposants...

Mais un jour elle ne parvient plus à obéir aux ordres et s'enfuit dans la région la plus déshéritée du pays, là où les Passeurs d'Âmes sont considérés comme les pires ennemis. Au plus profond d'immenses mines à ciel ouvert, Elia découvrira, telle une pépite, une destinée qui la dépasse.

 

Pour en apprendre davantage



J'ai aimé :

● Les idées

Je n'ai pas aimé :

● Le côté un peu trop manichéen


Une fois de plus, après Red Queen, je m'attendais à tomber sur un univers de fantaisie pour mieux me retrouver dans une dystopie. Et une autre surprise : je m'apprêtais à lire un one-shot, et me suis assez vite rendue compte qu'il s'agissait d'un premier tome. Cela dit, ce sont de bonnes surprises sur ces deux points.

 

Tout d'abord, j'ai trouvé l'univers fort sympathique. Il est certain que séparé une population "pure", qui aura le droit à l'éducation et à la richesse, d'une population "impure" condamnée à la pauvreté et au travail physique toute sa vie, ça n'est pas très original. En particulier quand on vient de reposer une dystopie qui présente un peu la même idée. Cependant, il existe là une troisième caste, pour contrebalancer un tout petit peu, celle des commerçants. En ce qui concerne les règles : la communauté avant tout, pas de liberté, pas d'individualisme, de choix et d'égoïsme; chacun a sa place et son rôle à tenir dans cette société. Encore une fois, pas nouveau. La disposition du monde en lui-même fait assez penser aux Districts de Hunger Games, encore un point qui n'est pas très nouveau. Pour autant, ça ne m'a absolument pas gêné dans ma lecture : cet assemblage de schéma rend un ensemble assez plaisant.

 

Dès le départ, nous allons suivre non pas une jeune fille sortie des quartiers pauvres, mais à l'inverse une enfant des quartiers riches. Il se trouve qu'elle possède une anomalie génétique qui fait d'elle une personne apte à faire passer les âmes. En d'autres termes, elle ne ressent aucune sentiment, ce qui fait d'elle une personne idéale pour euthanasier tous les poids morts de la société. Enfin c'est ce qui est écrit dans son dossier médical. Suivant son instinct, elle sauve un condamné à mort, ce qui fait d'elle une ennemie de la Communauté. On conviendra que ce n'est pas ce que nous annonce le résumé, que j'ai trouvé plutôt à côté de la plaque, pour changer... Elia - un très joli nom je trouve - a une autre particularité qu'elle s'efforce de cacher : elle est rousse, ce qu'on la force à cacher depuis sa naissance, puisqu'il s'agit d'une teinte absolument unique et visiblement assez mal vue. Elia parvient à fuir et arrive dans le nord où elle doit cacher ses origines en plus de ses cheveux, ainsi que son métier de Passeuse d'Âmes, afin de se mêler à la population la plus pauvre du pays. Elle laisse derrière elle tous ses privilèges, mais aussi sa petite soeur à laquelle elle est extrêmement attachée. Elle y rencontre dans les mines des personnes sur qui elle peut compter, notamment deux jeunes hommes et une jeune fille privilégiée. On sent venir le triangle amoureux, mais c'est assez léger pour ne pas être agaçant.

 

Ce que j'ai bien aimé avec le personnage d'Elia, c'est qu'elle vient d'un monde de riche et a donc un esprit assez étroit d'une certaine façon : là où les pauvres voient une cause à défendre, elle voit sa soeur à retrouver. Bien sûr, l'injustice, la pauvreté, le travail physique et la famine qu'elle côtoie la font changer; elle comprend les mensonges de son existence passé. Pour autant, elle reste plus attachée à sa famille qu'à un désir de rébellion, ou même à l'idée de la prophétie. Son esprit ne change pas à ce point, aussi vite; elle ne devient pas une leader de l'opposition ou l'héroïne d'une cause perdue. Elle ne se lève pas un matin en se disant qu'elle va renverser le pouvoir, crier à l'injustice et suivre une prophétie

 

C'est d'ailleurs un autre point que j'ai bien aimé : Elia n'apprend cette histoire de prophétie qu'à la fin, n'a pas particulièrement envie d'être concernée, et ne fait pas en sorte de la réaliser. Elle a ses objectifs et elle donne tout ce qu'elle a pour les atteindre, mais absolument pas pour se mettre dans la peau du messie. C'est une vision des prophéties que je partage avec l'auteur et qui sort des clichés : "les prophéties ne s'accomplissent que si quelqu'un a le courage de les réaliser". Ca ne va pas se faire tout seul, il n'y a pas de destinée : juste une personne qui a éventuellement des prédispositions à changer les choses, mais qui doit avant tout le vouloir.

 

Ce premier tome n'est qu'un prélude, on apprend à connaître notre héroïne au moment où elle apprend elle-même qui elle est. Son identité, basé sur des faux dossiers, des erreurs et des négligences, se détruit sous ses yeux et elle tente de donner un sens à tout ce qu'il lui arrive. Le lecteur a en main les mêmes clés qu'elle et comprend peu à peu les manigances - peut-être un peu plus rapidement que l'héroïne tout de même. Les quelques points de confusion amenés par l'auteure sont bien pensés.

 

Pour conclure, c'est une lecture très rapide et j'ai vraiment bien aimé. J'ai hâte de lire la suite, malheureusement je ne trouve aucune information sur la préparation ou la publication de la suite. Si vous en avez, dites le moi ! 

 

Méli