Le Chrysanthème noir - Feldrik Rivat


Date de sortie : 2016

Synopsis :

 

Paris, ville lumière, goûte en cette fin de XIXe siècle à la modernité. Réseaux à air comprimé, lignes téléphoniques, service de poste pneumatique : la capitale envisage d'aller plus loin encore et d'électrifier ses éclairages publics, de construire sa première ligne de métro, et de révolutionner votre manière de concevoir la vie et la mort.

Enfin, le projet ne faisait pas partie des cartons du président Sadi Carnot. Mais l'éclosion d'une drôle de fleur, au sortir de cet hiver de 1889, pourrait bien venir bouleverser la vie des Parisiens… Le Chrysanthème Noir.

Après avoir fleuri dans les cimetières de la ville, il frappe de son logotype le nom d'une société qui offre aux gens de biens et créateurs de ce monde un bien curieux marché…

 

Pour en apprendre davantage



J'ai adoré :

● Le vocabulaire très riche

● L'aspect plus steampunk

● Clémence

Je n'ai pas aimé :

● Les retournements complets de situation

● Le suspens, moins bon que dans le premier

 


Comme je le disais dans la chronique du tome 1, nous avons quitté nos personnages alors que l'affaire était bien mal engagée pour eux. Un premier retournement de situation change complètement la vision que l'on avait à la fin du premier tome et tout s'éclaire d'un jour nouveau. Ce début m'a complètement accrochée !

 

Malheureusement, ce sentiment n'a pas duré. De nouveau, j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire. Si au début j'ai mis cela sur le compte de l'adaptation au vocabulaire, toujours aussi bon et complexe, je me suis rapidement rendue compte que c'était vraiment l'histoire qui m'intéressait moins. J'ai eu l'impression de suivre davantage de personnages, en particulier Goron et Clémence : je les aime beaucoup, mais on se détache de Bertillon et Lacassagne. Ce dernier avait un impact important sur l'histoire, lui donnait vraiment du relief. J'ai eu l'impression que tout était un peu plus plat. D'ailleurs Lacassagne change beaucoup : on perd presque tout ce qui faisait son originalité. Même s'il est intéressant de le voir devenir un être sensible, j'ai trouvé que ça arrivait trop vite que ça enlevait beaucoup à l'histoire, sans compter que certains points sont un peu too much - non mais vraiment, il ressent de la jalousie ! Vers la fin du roman, on le voit carrément moins et j'ai été déçue. Cependant, concernant ce personnage, un point qui est très bien joué est la dualité entretenue avec son jumeau Chrysostome.

 

Ensuite, une déception, j'ai trouvé qu'il y avait pas mal de petits points bâclés. Dedans j'inclus l'enquête sur Méliès, qui ne sert à rien, ainsi que tout ce qui tourne autour des américains et de Pinkerton. On a des réponses à nos questions, mais elles sont données très vite et sont loin d'avoir l'intérêt et le poids que je leur prêtais. Pareillement, le rôle que joue Clémence auprès du gouvernement aurait pu avoir un bel impact, mais semble superficiel. De même, les révélations faites à Goron par les fanatiques louches auraient pu être au cœur d'un beau complot, mais l'auteur s'en débarrasse très vite comme s'il ne voulait pas traiter ce point. En fait, ce roman est très riche d'histoires parallèles qui auraient pu donner un joli nœud bien complexe mais qui sont toutes éludées. On est bien loin de l'enquête passionnante et épineuse du premier tome.

 

Enfin, de grosses révélations bouleversent complètement le sens de l'histoire. J'ai été perdue entre les méchants et les gentils - qui ont semble-t-il été inversés - , les objectifs des uns et des autres. Encore une fois, on perd complètement Lacassagne, on n'a plus aucune idée du but qu'il poursuit. Bertillon de son côté n'est plus du tout le personnage dont on suit les pensées et les révélations que l'on a à son sujet laissent perplexe par rapport aux mêmes pensées que l'on suivait dans le premier tome. Dans ce dernier, on nous laissait croire que lui-même ne savait rien, ce qui aurait pu passer si l'on n'avait pas suivi les événements de son point de vue... Toutefois, la conclusion du roman le concernant nous rapproche de l'introduction du premier tome.

 

On a aussi beaucoup plus d'éléments steampunk : on sent que l'auteur met petit à petit en place le monde dans lequel vit le vieux Bertillon du premier tome, et j'ai vraiment bien aimé. On a également pas mal d'explications sur les projets de l'organisation du Chrysanthème noir : c'est bienvenue, même si quelques points restent sans réponse. Ainsi on pourrait croire que l'enquête du tome 1 ne servait à rien sinon à introduire le groupe sous un aspect violent qui disparaît complètement dans la suite, sans aucune raison.

 

Restons positif, j'ai bien aimé suivre les personnages que j'avais laissés, en découvrir de nouveaux, voir Clémence sous un nouveau jour et suivre Goron davantage. L'histoire principale, si l'on met de côté les points que j'ai évoqués, est assez trépidante et intéressante. On a toujours quelques traits d'humour, en particulier en présence de Lacassagne et Clémence qui m'ont bien fait rire. Clémence est un excellent personnage, à la fois forte, impitoyable et décidée, mais aussi douce et féminine. Elle s'attache à la cause féministe, comme la femme du duc, que l'on aperçoit dans le premier tome. Cette dernière se voit dédier quelques passages qui mettent en avant sa lutte féministe et l'envie qu'elle a de donner aux femmes une place dans le monde des intellectuels. Elle porte la culotte et mène les affaires de son mari sans s'adoucir, dure en affaire et sachant ménager ses effets.

 

Pour faire un bilan, c'est une lecture qui me laisse perplexe de par son aspect brouillon et les quelques passages traités avec trop de facilité. Ce deuxième tome m'a moins plu que le précédent : même si j'y ai trouvé du positif, il y a moins de suspens et je l'ai trouvé moins addictif. Cependant, un nouveau roman, Paris-Capitale, va bientôt sortir, je me laisserai sûrement tenter en espérant tomber tout à fait dans le steampunk.

 

Méli