Date de sortie : 2013
Synopsis :
Il avait nom Lorn Askariàn. Certains disent que le malheur arriva par lui et d'autres qu'il fut celui par qui tout fut sauvé. Dans ses veines coulait le sang noir des héros condamnés.
Le Haut- Royaume connaît sa période la plus sombre. Le roi est affaibli et la rébellion gronde aux frontières du territoire. En dernier recours, le souverain libère Lorn de ses geôles et le nomme Chevalier du Trône d'Onyx, chargé de protéger l'autorité royale. Héros valeureux et juste, Lorn est une figure d'espoir pour le peuple, mais il poursuit également un but secret : retrouver ceux qui l'ont maintenu en captivité, les uns après les autres... et leur faire sentir le goût de la vengeance.
J'ai aimé :
● L'écriture
● Lorn Askariàn
● Le scénario
Je n'ai pas aimé :
● Le manque d'explications sur l'univers
● Les incohérences
Comme je n'avais pas encore en ma possession le troisième tome du Paris des Merveilles, je m'étais décidée à découvrir la plume de Pierre Pevel dans un autre univers, avec une facette bien plus fantasy. Il faut dire que j'ai trouvé mon bonheur.
La quatrième de couverture nous vend "une épopée à mi-chemin entre Le Trône de Fer et le Comte de Monte-Cristo" : si je n'ai pas retrouvé les intrigues et le foisonnement de personnages de G.R.R. Martin, j'ai vu l'esprit du roman de Dumas. Que j'ai bien envie de relire maintenant d'ailleurs. Ce qui est bien joué, c'est qu'on a un aperçu de Lorn avant qu'il ne soit jeté en prison, grâce au prologue; on comprend donc tout de suite la déchéance de ce personnage, tout ce qu'il a perdu, sans vraiment jamais comprendre si oui ou non les accusations à son encontre sont vraiment fausses. J'ai beaucoup aimé ce personnage, sa face obscure mêlée à sa droiture, sa vengeance mais aussi sa loyauté au Haut-Royaume, j'aime sa façon de faire les choses tout en démonstration, presque. J'aime me demander s'il suit son cœur ou s'il calcule ce qu'il fait, et je comprends qu'il ne puisse lui-même répondre à cette question le plus souvent. Un très bon personnage donc.
Il est bien entouré par ailleurs, bien que Alan m'agace particulièrement. Je le trouve un peu trop cliché comme personnage : il est prince, beau, charismatique, fait tourner toutes les têtes, gentil, loyal et drogué. Il ressemble presque à une demoiselle en détresse parfois. Son duo d'amis d'enfance avec Lorn n'est pas non plus très original mais je n'en demande pas tant. Je suis curieuse d'en savoir plus sur Alyssia et j'ai vraiment hâte de la voir davantage dans la suite -j'espère. Les autres personnages, comme la reine et son ministre, le roi et les barons sont vraiment intéressants.
En ce qui concerne l'écriture, elle change vraiment du Paris des Merveilles dans lequel le narrateur établit une proximité avec le lecteur, l'interpelle même. Ici on reste dans le format classique du narrateur omniscient et distant, mais toujours avec des phrases bien tournées et un vocabulaire bien choisi. Cependant, mon premier reproche arrive à ce point là : j'ai trouvé certains constats très simplistes, très niais presque, et loin de correspondre à la vision que j'avais des personnages. L'exemple qui m'a le plus marqué : "Les deux hommes surent alors qu'ils étaient, désormais, des ennemis jurés." J'ai fait un blocage...
Passons au scénario : pas mauvais, l'enchaînement des différentes étapes se fait bien. J'ai trouvé quelques longueurs, mais rien d'insurmontable et c'était aussitôt rattrapé par de belles scènes de combat, ou de complot. Quelques unes m'ont parue un peu niaises encore une fois, mais elles étaient rares. J'ai un regret par rapport à l'intégration de l'univers dans l'histoire elle-même, c'est un point qui est assez mal géré. J'ai trouvé qu'il y avait énormément de répétitions pour nous expliquer la campagne du Haut-Roi - chaque fois qu'on introduit un lieu ou un nouveau personnage, on y a le droit et c'est vraiment lassant-, et à côté, ça manque singulièrement de détails qui permettraient d'appréhender l'univers complet et complexe. Pourtant, la forme s'y prête bien : au début de presque chaque chapitre, il y a un extrait des Chroniques. Elles sont parfois utilisées pour combler les ellipses, alors que ce n'est pas nécessaire, ou alors pour introduire quelques faits : elles auraient dû servir davantage à cela. Il me manque beaucoup d'informations sur les dragons, les gardiens et les émissaires, qui auraient permis, à mon sens, de mieux situer la politique du Haut-Royaume et les différentes influences. Ça c'est le point "dommage", parce qu'on sent tout le potentiel de ce monde : j'en veux plus.
Le point "coup de gueule", c'est par rapport aux incohérences que j'ai trouvé au cours de ma lecture et qui m'ont fait bondir : il aurait suffit d'une lecture à peine attentive pour régler ça ! Sans compter quelques fautes, notamment une grosse - se tromper entre "non" et "nom" quand même.. - qui démontrent qu'une énième relecture n'aurait pas été de trop. Pour résumé rapidement les incohérences, une missive arrive "le soir même" d'un côté de la page, pour arriver "le matin même" quand on la tourne. Sinon, on lit au début du roman, qu'Alan et Lorn étaient amoureux de Naéris, amie d'enfance et mignonne adolescente, qui choisit Alan; on découvre à la fin du roman que Lorn n'a jamais éprouvé que des sentiments fraternels envers elle et qu'il sait pertinemment qu'elle l'aime depuis toujours. Les autres qui m'ont marquée sont peut-être des erreurs de compréhension de ma part, mais ces deux là sautent aux yeux du lecteur même le moins attentif. Autant certaines facilités ou incohérences peuvent être excusables, autant celles de ce genre ne le sont pas à mes yeux.
Pour finir sur une bonne note tout de même, ça reste de la très bonne fantasy et je me ferai un plaisir de lire le second tome. Entre temps j'ai acquis le troisième volume du Paris des Merveilles, trilogie que je vais pouvoir terminer en espérant qu'il soit meilleur que le deuxième tome. Et enfin, en ce qui concerne Pierre Pevel, je compte également me lancer dans les Lames du Cardinal.
Méli