Coup de gueule à propos de la parentalité dans un certain roman

Hello,

 

 

Petite critique d’un roman un peu particulière (je ne citerai pas le livre pour ne pas spoiler).

 

 

Pour ceux qui suive nos stories, il y a environ une/deux semaines, je vous en avais fait une où je parlais de mon agacement profond pour le contenu d’un roman. Il est venu le temps que je vous explique plus en détails.

 

Tout d’abord, le contexte, il s’agit d’un roman contemporain qui semble traiter de sujets atypiques, qui fait mine de vouloir apporter des vérités, des choses très belles, justes et modernes. Sauf que justement, il n’est pas vraiment allé au bout de sa réflexion.

 

On va y suivre plusieurs personnages au sein d’une même famille: une mère qui a quitté son mari et essaye de construire une vraie relation avec ses 2 filles. Et c’est là que commence le spoil, il se trouve que le mari tabassait sa femme. Sauf que ses filles ne sont pas au courant.

 

Ce qui m’a dérangé dans un premier temps, c’est un passage entre la mère et la plus grande des deux filles, hypersensible, en pleine crise d’adolescence, qui a grand besoin de confiance (qu’on lui fasse confiance et qu’elle puisse avoir confiance en l’autre). La mère a parfaitement conscience de tout ça. La fille lui demande pourquoi elle a quitté le mari. Et BIM, la mère lui ment en lui disant simplement qu’ils ne s’entendaient plus. Fin du chapitre.

 

Déjà l’aspect mensonge m’énerve, mais soit, ça peut tout à fait être un choix dans le scénario qui sera corrigé plus tard. Mais c’est la raison de son mensonge qui m’exaspère.

 

Avant d’y venir, il y a un autre passage, légèrement antérieur à celui-ci, où les deux soeurs se déchirent parce que l’une aime son père et ne comprend pas pourquoi l’autre ne veut plus jamais le voir, prétend ne pas l’aimer etc. Celle qui aime son père essaye de le défendre et annonce à sa soeur que c’est son père et qu’il l’aime énormément et qu’elle doit l’aimer, le laisser faire partie de sa vie, que sinon elle se priverait de quelque chose. Arguments qui satisfont pleinement la mère puisqu’elle en vient même en annoncer qu’elle est d’accord, qu’il faut qu’elle fasse un effort et adresse la parole à son père.

 

Mais bordel, c’est le même père qui pendant qu’il la frappait, a tué leur chien en lui explosant la rate et le foie tout ça parce qu’il est intervenu et a permis à la mère de fuir.

 

Comment elle peut essayer de forcer une enfant qui ne veut plus voir son père quand il s’agit d’un homme pareil ? Que les filles sachent la vérité sur leur père et choisissent quand même de lui parler, soit c’est leur choix, chacun fait ce qu’il veut (ce n’est pas ça que je critique), à partir du moment où un professionnel a vérifié que le père ne risquait pas de s’en prendre physiquement ET psychologiquement à ses enfants. Mais forcer une enfant alors qu’elle exprime clairement son refus, ça ça m’exaspère. D’autant plus que les arguments avancés sont tout sauf modernes et sont basés sur des avis de personnes ayant eu une famille “standard” (un père, une mère).

 

Avant de poursuivre, je précise que ce n’est pas tellement le livre que je critique, chaque auteur fait ses propres choix pour ses personnages, ce qui me dérange c’est que le roman prétend apporter de la modernité mais répète les mêmes discours bullshit vus et revus dans d’autres romans et films sur le sujet. Dans toutes cette masse de bullshit, il y a sans aucun doutes quelques romans et films qui traitent le sujet différemment et bien mieux, je n’en doute pas. Je vous parle ici de mon ressenti suite à cette lecture.

 

Donc pour en revenir aux arguments avancés par la mère. J’en pense, que ZUT, NON un enfant n'a pas forcément besoin de DEUX parents, NON, ce n'est pas parce qu’il y a des "liens du sang" qu'il faut qu’il aime ses parents, c'est OK s'il n'en aime pas un ou deux. C'est OK si ses parents ne sont pas UN homme et UNE femme, c’est OK si ses parents ne sont pas ses parents biologiques. C’est OK si un de ses parents disparaît en plein milieu de son éducation. Il est temps d’écouter l’avis et le ressenti de l’enfant. Ce n’est pas parce qu’on est sur Terre depuis plus longtemps qu’on sait mieux ce qui est bon pour autrui (ni qu’on sait tout sur tout) ! Il faut apprendre à déconstruire ce qu’on a appris (stop je m’égare hors du sujet).

 

Il faut arrêter de mentir aux enfants pour les “protéger”. À partir du moment où on leur explique bien les choses, où on ne leur dit par de demi-vérités, les enfants sont bien plus résilients, compréhensifs, adaptables que les adultes le pensent (dit comme ça je ne m’inclus pas dans les adultes, ni dans les enfants, en vrai, j’ai une vie d’adulte, voir même de petite vieille parfois, mais je ne me sens dans aucune tranche d’âge actuellement ^^).

 

Et il faut arrêter de penser que si l’enfant est éduqué par une seule personne, il lui manquera forcément un modèle masculin ou un modèle féminin (en fonction de quel parent est manquant). D’une part, je parle d’expérience donc pour moi il n’y a même pas besoin de prouver ça, je le sais. Il suffit de demander l’avis à des personnes ayant une famille moins “normale” (qu’est-ce que je n’aime pas ce mot). Ensuite, un enfant n’est pas uniquement entouré de ses parents, il grandit en croisant plus ou moins longtemps d’autres personnes qui vont lui permettre de s’enrichir. J’ai lu il y a quelques mois Ecotopia (c’est une utopie donc beaucoup de choses n’étaient pas réalisables dans la réalité, mais certaines réflexions étaient bonnes à prendre) et l’auteur expliquait qu’en Ecotopia, les enfants n’étaient pas seulement pris en charge, éduqués, par les parents mais aussi par toutes les personnes qui les entouraient, ainsi chaque personne pouvait apporter quelque chose à l’enfant et le faire grandir différemment. Je suis convaincue qu’on peut grandir convenablement avec un seul parent, deux, ou même plus qui sait !

 

Et c’est dans la même logique qu’un enfant peut très bien considérer des personnes avec qui il n’a pas de lien biologique comme ses vrais et uniques parents. Et surtout, contrairement à ce que montre beaucoup trop de films et livres sur le sujet, il est tout à fait possible qu’il ne ressente pas le besoin de rechercher ses “vrais” origines. Je ne dis pas que ça sera le cas de tous, comme pour tout, chacun a un ressenti différent. Je dis juste qu’il faut arrêter de faire toujours le même discours pour que tout le monde garde l’esprit ouvert sur toutes les possibilités. (Attention, je ne dis pas que dans tous les cas, ça va bien se passer, des enfants peuvent avoir autant de traumatismes qu’ils soient dans une famille “atypique” ou “normale”)

 

Je vais partir en hors sujet, mais pourquoi se fermer l’esprit, se restreindre à des cases, toujours mettre des qualificatifs sur tout, alors que tout est possible si on ne restreint pas les autres et par la même occasion si on ne s’auto-restreint pas. Gardons l’esprit ouvert, essayons d’envisager toutes les possibilités, au lieu de se dire, c’est comme ça que ça fonctionne POINT parce que la société l’a dit, parce que des personnes qualifiées l’ont dit, parce que …

 

Et enfin, je pense qu’il n’y a pas mieux que soi-même pour savoir ce qui est bon pour soi. Donc si un enfant ne veut plus voir un de ses parents parce qu’il l’a vu frapper à mort l’autre, soit. Si plus tard il revient sur sa décision et que le situation le permet, soit. S’il estime que ce parent n’est plus son parent, soit.

 

Je vais finir en démontant un autre discours que j’entends beaucoup. C’est à propos des “liens du sang”, comme quoi, tu ne peux rien y faire, vous partagez le même sang, patati patata. Alors certes, un enfant a forcément moitié d’ADN de la mère et moitié du père. Pour moi, il s’agit juste d’une information, d’un codage. Ce n’est pas ce qui définit une personne, il n’y a pas de destin accroché à ce sang, cet ADN, pas d’obligation. De la même manière que je dis d’ouvrir nos possibilités, ne nous enfermons pas dans une fatalité liée à notre famille, notre passé, le passé de nos ancêtres (ça c’est encore un autre sujet dans les romans d’ailleurs, je dérape).

 

 

Bref, voilà voilà !

 

J'espère ne pas vous avoir choqués. J'espère avoir correctement fait passer le message. J'espère avoir exprimé avec justesse ce que je ressentais.

 

Mélo ✒️

(Et merci à ceux qui ont tout lu de manière attentive !)