Le Royaume Immobile- Pierre Pevel

Pour ceux qui n'ont pas lu l'article sur le tome 2, disponible par ici, je rappelle que j'avais été un petit peu déçue. Il n'était ni à la hauteur du premier tome, ni à celle de mes attentes. C'est donc sans empressement que je me suis décidée à terminer cette trilogie, et j'ai profité de la lecture commune d'un Pierre Pevel du groupe Le Mois de la Fantasy. Ce dernier tome est génial !

Je ne commente plus le style que Pevel utilise pour cette trilogie et que j'adore, et l'humour toujours aussi présent et subtile. L'univers n'en finit pas d'être développé : nous rencontrons toujours de nouvelles créatures d'OutreMonde, sans tomber dans le travers des suites de fantasy où l'on sent un "ajout" : c'est très bien incrusté dans l'existant. Côté personnage, Griffont, Isabel, Lucien et Auguste sont aux rendez-vous, fidèles à eux-mêmes - je les adore - et l'on croise toujours les seconds rôles, bien présents avec Delveccio, Troisville qui devient un personnage clé, Azincourt, Lherbier, Farroux et la Fallissière. Je les aime tous, j'aime les retrouver, j'aime les voir se côtoyer tous autant qu'ils sont, guidés par les mœurs du siècle passé.

Toujours sur un fond d'enquête, on tombe dans une intrigue beaucoup plus sombre que dans le tome précédent. Si les affaires dont s'occupent nos deux héros concernent toujours les plus hautes sphères d'Ambremer, celle-ci m'a paru plus grave encore, peut-être parce qu'elle commence par un meurtre. L'entrée en matière est très bonne, on sent une fois de plus Isabel et Griffont emportés dans une affaire qui les dépasse. Meurtre donc, disparition, enquête au plus haut niveau, attentat... rien ne nous est épargné. Et enfin, quand on croit s'approcher d'un dénouement, tout s'écroule. J'ai beaucoup aimé ce point là, c'était dur et violent, complètement inattendu. Ensuite on est dans l'action, dans le danger, on passe d'un personnage à l'autre entre les chapitres, ce qui nous laisse sur des cliffhangers à chaque fois. Impossible de s'ennuyer donc, l'intrigue avance vite, entre mystère et révélation. 

J'ai quatre petits points à relever par rapport à l'intrigue et qui sont des petites déceptions. Tout d'abord, le personnage de Troisville, dont la jeunesse n'excuse pas, à mes yeux, la stupidité. Ensuite, j'aurai aimé que la partie politique soit plus mise en avant et qu'il y ait plus de tensions entre Griffont et les autres mages, mais ça c'est le point de la chipoteuse. Enfin, j'ai un petit bémol par rapport à la façon dont le complot a été amené. On a quelques informations côté "méchant" dès le début, on peut se dire que l'histoire tournera autour de cela, et il s'agit vraiment du cœur du sujet. C'est dur à expliquer sans spoiler... Mais en gros, j'ai trouvé dommage d'avoir autant d'informations cruciales aussi vites. Je rajoute, pour terminer, qu'il me manque une réponse à une question de l'enquête, j'ai trouvé ça dommage.

Un regret cette fois, mais très personnel : le personnage d'Arsène Lupin a fait une apparition dans le tome précédent, j'aurai adoré le revoir. Mais je ne m'en plains pas, il faut savoir doser les bonnes choses. Puis tant qu'à faire, autre petit regret : on a l'impression que les chats auront un rôle à jouer dans ce tome-ci, ce qui n'est pas le cas. Ça donne l'impression que c'est un peu oublié.

Vous l'aurez compris, Pevel a conclu sa trilogie avec brio et je vais vous laisser avec une conclusion sur la série en général. Un premier tome formidable, un second qui m'a déçu et un troisième carrément à la hauteur, je conseille vraiment cette trilogie pour plusieurs raisons. Le style d'écriture nous donne l'impression d'une histoire racontée par un ami, nos héros sont drôles, touchants, amoureux, piquants, susceptibles, grognons, mais surtout une lady et un gentleman. J'adore l'époque dans laquelle on est immergé à merveille et j'aime ces univers emmêlés entre la réalité et l'OutreMonde. Je reproche juste le côté trop manichéen de la lutte que l'on suit entre Méliane et Lyssandre. En bref, très belle lecture et mérite une place de choix dans ma bibliothèque.

Vraiment pour terminer, promis, je vous laisse avec une petite citation - j'aime bien ça maintenant.

"Qu'on le prenne ou qu'on l'accorde, disposer du temps d'autrui est l'expression d'un pouvoir, d'une contrainte qui établit un rapport hiérarchique flagrant : le temps asservi est toujours une liberté confisquée."

Méli